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Que
retenez-vous de votre parcours artistique ? Je retiens qu'en ce mois d'Octobre 2006, j'arrose les 45 ans d'une carrière BD qui, par bonheur, n'a jamais connu le chômage. J'espère que le lecteur ressent à la lecture le même enthousiasme que j'ai mis dans mes créations. J'aime d'autant plus mon métier que je n'en ai jamais exercé d'autres. Je souhaite beaucoup de courage et d'obstination à ceux qui entrent dans la BD. Mais qu'ils sachent que s'il est difficile de débuter, il est encore plus difficile de durer. La chance ne vient qu'avec le travail. Le reste n'est que du pipeau. |
Lorsqu'une
série au long cours se termine, vous êtes dans quel état d'esprit
? |
Quel
est le personnage qui vous a le plus habité, celui dont on a du mal à
se défaire ? Mikros.. Un super-héros façon Comics. Parce que c'était du mensuel, de l'aventure en continu, du "à suivre..." haletant qui impliquait un bouillonnement créatif quotidien. J'en suis resté nostalgique à tel point que j'ai écrit un épisode inédit dont j'ai confié le dessin à Reed Man. Le one-shot paraîtra vers la fin de cette année. En fait, la sortie est finalement prévue pour fin Février 2007 (Eric-Thor). |
VAE
VICTIS restera sûrement une série référence de l'Histoire
de la bande dessinée franco-belge. Vous assumez son didactisme ? J'assume. Et si un peu de didactisme est distillé dans ce péplum, c'est la garantie d'une petite entrée dans les bibliothèques scolaires, en dépit de son érotisme et de sa violence. Quant à l'éventuelle référence dans l'histoire de la BD, seuls l'avenir et les lecteurs en jugeront. |
La
BD historique a-t-elle un avenir ou doit-on s'habituer à la tendance de
"l'historic fantasy" ? La BD dite "historique" ne sera jamais à la mode ou hors la mode. Emmerdante ou captivante, elle restera toujours, au pire, un outil pédagogique ou, au mieux, le puits sans fond de l'inspiration romanesque. Seules certaines époques connaissent des modes. Quant à l'Heroic-Fantasy, qui se nourrit d'abord d'images spectaculaires et d'effets spéciaux, et outre le talent de ses auteurs, je crois qu'elle doit son renouveau actuel grâce à l'outil informatique. |
Parvenez-vous
à vous reconnaître dans la bande dessinée d'aujourd'hui, y
trouvez-vous votre compte ? Je ne suis pas et je n'ai jamais été lecteur de BD. J'ai arrêté vers l'âge de 20 ans. Je n'en lis que lorsque mes contacts professionnels m'y invitent. Ou alors un Tintin, de temps en temps... pour revenir aux bases indispensables de mon travail. Une sorte de rappel à l'ordre, enn quelque sorte ! |
Quels
sont vos rapports avec Georges ? Il dit, avec sa gouaille habituelle, que vous
êtes le seul avec lequel il s'entende dans le métier, qu'il est le
seul avec lequel il peut encore travailler. Il est si invivable que ça
? Ne me répondez pas que vous c'est pire quand même, si ? |
Quand
Georges, toujours lui, vous qualifie de pointure, vous arrivez encore à
être flatté ? En même temps, il ne peut pas s'empêcher
d'ajouter que vous avez quand même tendance à forcer le trait... Je ne sais pas ce qu'est une "pointure". Pour ma part, je fais du 46. Je ne connais que des gens qui travaillent avec plus ou moins de bonheur et d'assiduité. La création commune de VAE VICTIS ne fut qu'un long fleuve tranquille. |
Mais
alors, et vous, qu'est-ce que vous avez à dire sur ce vieux Georges ? Rien que du bien et qu'il n'est pas vieux. Nous avons le même âge, celui de notre pinceau et de notre passion commune. Je vous conseille de goûter un jour la délicieuse polenta que son épouse Danièle sait cuisiner. Cela aussi, c'est de l'art ! |
Je
peux vous demander ce que vous faites de vos journées lorsque vous ne scénarisez
pas ou que vous ne dessinez pas ou j'ai passé la frontière de l'indiscrétion
? Je touche ma retraite, je cultive mon jardin et l'art d'être grand-père, je joue de la guitare, je voyage beaucoup avec ma femme et j'ai repris ma carte de pêche. |
Vous
portez toujours la barbe ? Oui. Par flemme. Cela m'évite d'être mal rasé. |
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