FRED
: Bonjour M. Milton. Comment a débuté votre carrière chez
Lug ? |
Quels
étaient vos rapports avec Cyrus A. Tota, à l'époque et aujourd'hui
? Très fratemels, comme un petit frère, et il me le rend bien. Parfois, je l'admire pour son trait oriental et sa grande application. Moi je suis un cavaleur, lui il prend son temps. Il est né avec six mois de retard dans son travail BD et il les as gardés! On se voit toujours et j'ai plein de scénarios pour lui, j'espère qu'un album se fera un de s jours ! |
Fred:
Quel souvenir gardez-vous de s années Lug ? |
Votre
travail sur le Surfer d'Argent est remarquable [Voir Nova 25-26]. Néanmoins,
je note que pour le premier épisode vous avez complètement copié
John Buscema et que l'on ne retrouve votre style que dans le second.
Ah bon? ... on ne m'a jamais dit ça ! En fait, c'était terrible, on avait l'accord exclusivement si l'on copiait Buscema ; j'étais très surveillé sur ce projet, mais j'ai dû me laisser aller sur le deuxième. Enfin ... les Américains ont accepté, c'est l'essentiel. |
Après
une aussi belle réalisation, on se demande pourquoi vous n'avez pas tenté
une aventure américaine. Jamais, non, jamais je n'aurais voulu aller la-bàs, je plains les Américains. Je suis monté chez Marvel, pour essayer de vendre mes personnages : au huitième étage sur Park Avenue, quarante types alignés sur leurs planches à dessins, dirigés par Romita Sr. J'aurais pas supporté. Ce n'est pas le pays de la BD, mais un pays de marchands. |
Vous
avez vécu l'arrivée des Super-héros Marvel en Fran
en 69 avec Fantask. Comment la s'est il passé ? Fantask a eu un sucres phénoménal ! Puis il a été torpillé par la nsure (soupirs). Le matériel est arrivé chez Lug en 68 et dès les premières maquettes, on a dû faire des tas de retouches : mettre un slip au Surfer, gommer les écailles des extraterrestres (Les reptiliens Badoons), retoucher la Chose, ajouter des briques ... Ensuite Strange a atteint des records de ventes : à la fin des années 70 et au début des années 80, on a dépassé les 200 000 exemplaires par mois ! c'était la période de vache grasse. [A comparer aux 65 000 d'un Spawn aujourd'hui - Fred] Les éditions Lug ont fait fortune à tte époque, pas les artistes "maison". Ils avaient des coûts de production très bas et tous les titres marchaient bien. Les Américains avaient déjà rentabilisé le matériel sur leur marché et ils n'étaient pas très gourmands ; il Y avait surtout les taxes d'importation, mais ils achetaient le matériel avec deux ou trois ans d'avan. La super vache à lait, c'était Zembla, du matériel italien à quelques francs la page, avec très peu de taxes et ils s'écoulaient comme des petits pains. Les BD dans les kiosques, les gares. Ca marchait du tonnerre; en vendre 50 000, c'était facile, à l'époque. |
Et
comment se vendaient le Surfer d'Argent, L'Araignée, les X-men de Spécial
Strange ? Le Surfer n'a jamais bien marché, son coté pleurnichard ... Les fans ne s'identifiaient pas à héros. Spider Man et son côté 2000, ça fonctionnait du tonnerre. Il faisait monter les chiffres dès qu'il apparaissait. |
Il
y a eu aussi la série animée de "L'Araignée", puis
celle des "Quatre Fantastiques., au début des années 80. Oui, mais le succés de Spider Man existait déjà bien avant, pour les Fantastiques aussi. Ca n'a fait que renforr leur popularité. Pour les X-Men et Spécial Strange, ça ne marchait pas aussi bien. Ce qui marchait le moins, c'étaient les Top BD et les albums, les hors-serie!! |
Et
la fin de Lug ... En 87, ça sentait le dépôt de bilan ! Les petits formats ne se vendaient pas aussi bien, on ressortait toujours les mêmes histoires ou des fonds de tiroir, il fallait écouler qui avait été acheté d'avan ! Mais les lecteurs ne sont pas idiots, si on leur ressert toujours la même soupe, ils vont voir ailleurs. Le marché des Super Héros était aussi en baisse. Mon demier travail pour Lug fut le Top BD : Demain ... les Monstres [Réédité en cartonné chez Soleil]. J'ai rencontré François Corteggianni qui travaillait chez Mickey et Pif et fut un changement de planète, aussi bien au niveau des contrats, du rythme de parution, du style ... Je passais de la Presse au Livre ! Des délais beaucoup moins serrés et un travail plus reconnu. Quand j'étais chez Lug, on ne nous invitait jamais dans les festivals et on s'en foutait royalement. J'ai vécu trois années chamières, la presse était confortable, on pouvait se projeter très loin dans le temps. Ce n'est pas le cas dans l'album où on vous prend et, si ça ne fonctionne pas, on vous jette, la vulnérabilité est totale ! Il Y a beaucoup de drames chez les jeunes auteurs. Puis je suis entré chez Soleil et Glénat : l'album appelle l'album ; quand on entre chez l'un, tout le monde le sait. J'ai commencé Vae Victis en 1990 et en même temps je dessinais pour Corteggianni : Noël et Marie qui paraissait dans Pif et L'Archer Blanc dans Mickey. Puis j'ai pris la suite de Malès sur De Silence et de Sang, série que j'ai quittée au Numéro 10. Ensuite, chez Soleil, Vae Victis continue, le 11 ème volume est sorti en février de cette année ; Les survivants de l'Atlantique continuent aussi avec un dessin de Félix Molinari. |
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