ZOO : Héroïne traîtresse et victime :
Les 7 vies de la Malinche

 

Nous avons rencontré Jean-Yves MITTON, qui avec QUETZALCOATL, réinvestit pleinement le réservoir à fantasmes historiques qu'est la conquête du Mexique pour la célèbre collection Vécu de Glénat (après un passge chez Delcourt pour un Ben-Hur chroniqué dans ZOO 16). Au programme, grandes batailles, sexe et violence, mais aussi beaucoup de détails sur la façon de vivre des Aztèques au moment de leur rencontre un peu forcée avec les Espagnols... La vérité historique y laisse quelques plumes en enfonçant à ce point la légende noire des conquistadores, mais le récit ne manque pas d'intérêt. Dans cette série (7 tomes), une très belle jeune fille se fait enlever par les Aztèques, assiste à leur folie sacrificielle à Mexico-Tenochtitlan, puis rejoint les rangs des arrivants espagnols avant d'aller croupir dans une prison de l'Inquisition.

ZOO : Quelle est l'importance de QUETZALCOATL dans la somme de vos nombreux travaux (Mikros, Vae Victis, Chroniques Barbares...) ?
Quetzalcoatl reste pour moi l'essentiel de mon travail, celui dans lequel je me suis impliqué le plus à fond, tant du point de vue historique, documentaire, linguistique que graphique. Ce fut une plongée dans une civilisation peu connue encore aujourd'hui car totalement détruite, rarsée et "génocidée" par les conquistadores et surtout par l'Inquisition espagnole qui a voulu effacer toute trace de cette société (que beaucoup confondent avec les sociétés Toltèques et Mayas qui n'ont pas connu pareil génocide ethnique et pareil démantèlement de leurs cités). Mon travail a donc été aussi sociologique, avec quelques tentatives d'explications d'une telle férocité tant du côté Aztèque, avec ses sacrifices humains, que du côté espagnol, avec ses peurs médiévales et son radicalisme catholique face à la montée de la Renaissance en Europe. Tentative d'explication aussi d'un si rapide écroulement d'un empire face à une poignée d'Espagnols en révélant l'importance qu'eut la prophétie du retour du dieu Quetzalcoatl pour se venger de son propre peuple. Terrible ironie de l'Histoire, puisque ce retour coïncida avec l'arrivée de Cortez, lequel en profita. Le scénario était tout tracé. Il ne lui manquait qu'une héroïne qui servirait de fil rouge entre les trois pôles du récit : Moctezuma, Cortez et l'Inquisition. Le personnage historique de "La Malinche" était tout trouvé.

 

La série se termine au tome 7, pensez-vous relancer un cycle ?
Il n'y aura pas de prochain cycle, car il n'y a jamais eu de suite à cette tragédie historique, sinon la misère et l'esclavagisme endurés par les descendants pendant trois siècles, jusqu'à la Révolution Mexicaine menée par Juarez, Villa et Zapata. Mais cela est une autre histoire. Maïana Xochitla "La Malinche" ne pouvait sortir indemne du bras séculier de l'Inquisition. Lui inventer une suite serait trahir non seulement l'Histoire mais aussi le sacrifice de cette jeune Indienne, figure mythique du peuple mexicain. Qui pourrait croire en une suite de Jeanne d'Arc ?

Quelles furent vos sources de documentation ?
J'ai surtout puisé mes sources et mon inspiration dans Azteca, le roman de Gary Jennings, et dans Les Aztèques de Jacques Soustelles. Je cite d'ailleurs toutes mes sources bibliographiques en dernière page du dernier tome, jointes à quelques notes de l'auteur et à mes remerciements. En outre, chaque album offre en dernières pages un lexique Nahuatl et la prononciation des mots. Mais n'oubliez jamais qu'il s'agit d'abord d'une BD d'aventures et non d'un cours d'Histoire. Je n'ai jamais eu cette prétention. Je n'ai fait qu'entrouvrir une porte... Aux lecteurs de ZOO qui entrez par cette porte, amitiés et "Ayyo !".

Propos recueillis par Boris JEANNE pour le n° 18 du magasine ZOO (Mars-Avril 2009)

Je n'ai d'ailleurs pas recopié le paragraphe "Précisions : la réalité historique dans "Quetzalcoatl" ; je vous laisse vous procurer ce chouette magazine gratuit pour en lire l'intégralité (Eric-Thor).

 

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